Ma passion du tricotage a débuté lors d’une formation dans un atelier débordant de bobines multicolores de diverses textures conçues pour l’industrie du vêtement. La « maille » est devenue la spécialisation textile me permettant de créer ma propre matière à partir des fils et des aiguilles ou de la machine.
Mes axes de recherches, souvent lié à des projets artistiques s’orientent vers l’expérimentation de matériaux particuliers et souvent non visualisés dans le monde du tricotage. Cela me permet la création de matières singulières, de textures que je lie à des univers, à des mots, à des sensations.
La collaboration avec des artistes maîtrisant d’autres techniques, qui ne sont pas de prime abord associable au tricotage permettent de faire, dans la mixité des techniques, émerger des créations renouvelant l’approche que l’on a ou que l’on pense avoir du « tricot ».
La visite du musée des arts populaires de Laduz, fondé par Raymond Humbert, a été le révélateur de ma démarche, insufflé par une connaissance, collectionneuse, de cuillère en bois.
Chaque pièce de la collection vous fait voyager géographiquement mais aussi temporellement. Chaque objet, classé par type de métier ou par étape de vie, est chargé d’une émotion issu d’une tradition manuelle, transmise de génération en génération. C’est l’exception dans le quotidien. Nos modes de vie, le consumérisme, le jetable, l’obsolescence ont poussé nos générations à renouveler à l’excès même les objets usuels.
Les couverts, qui partagent si régulièrement notre quotidien, en font partie. Par une production industrialisée en grande série, ils ont perdu de leur pouvoir évocateur, de leur histoire, et se retrouvent jetés alors qu’une pérennisation était de mise dans les modes de vie précédents. Ils étaient même associés à des étapes clés de notre vie.
Sur la base du savoir-faire du tricotage qui, lui, a toujours réussi à traverser le temps et les phénomènes de mode, mes couverts, de part leurs traitements, nous parlent de leur mise en rebut, de leur effacement. En observateur de notre monde contemporain, leurs métamorphoses, leurs assimilations au milieu naturel dont leurs matériaux sont issues, nous amène à une réflexion poétique sur nous-même.